TANK DESTROYER M.10
MANUEL D'EMPLOI
Constructeur :
Type: chasseur de chars
Equipage: 5 hommes
Armement: Canon de 76,2 mm (3 inch)- 1 mitrailleuse de 12,7 mm à ciel ouvert à 350 coups
Blindage: minimum 13 mm ; maximum 57 mm (avant de la tourelle)
Poids: 27 tonnes
Pression au sol : 0.94 kg/cm2
Puissance massique : 12,9 ch/tonne
Moteur: Boite 5 vitesses et marche arrière - Deux types de moteurs : le 1° montage de deux diesels (6 cylindres) General Motors G6046D de 375 chevaux à 2100 tours/mn, le 2° : un Ford GAA (8 cylindres en V) de 500 chevaux monté sur le modèle TDM 10 A1.
Performances: Vitesse sur route 48 km/h ; tous terrains : 32 km/h ; autonomie 320 km ; obstacle vertical : 0.61 m ; coupure franche 2.36 m ; pente 31 %
Radio: SCR 610 et SCR 608 pour Cdt du Bton
Temps de service : Septembre 1942 - Décembre 1943.
Le Tank Destroyer M10 est basé sur le châssis du M4A2 Sherman à moteur diesel GM 6046 de 12 cylindres (montés par couple en ligne), à refroidissement liquide, de 13.9 l de cylindrée, développant 375 à 410 chevaux à 2100 tours/minute. Il se distingue du M10A1 grâce à sa grille de ventilation de petit format sur le plateau arrière de la superstructure.
Suite à l'étude des techniques de combats des allemands durant les campagnes de Pologne et de France, l'US ARMY se décide à construire un char de combat pouvant lutter contre les autres blindés, n'en possédant pas elle part donc de zéro. Au début de 1942, un canon de 105 mm est monté sur un châssis de Lee (futur Priest) puis c'est un canon de 75,2 cm (3 inch) qui est monté sur la superstructure d'un Sherman, c'est un bon canon avec de bonnes capacités balistiques.
Appelé T 35, le premier prototype ne remplit pas correctement ce que l'on attend de lui, un deuxième prototype voit le jour, la différence notable se situe au niveau de la tourelle qui est à pans coupés inclinés et à ciel ouvert. La production rentre immédiatement en route, les TD M10 sont construits dans les usines du Grand Blanc Tank arsenal au début de septembre 1942 et ce jusqu'au mois de décembre 1943, à partir d'octobre 1942 seront produits en même temps des TD M10 A1, la seule différence avec le TD M10 est la motorisation qui passe du 2 moteurs 6 cylindres à 1 moteur V8. Aucun changement sur l'armement et quasiment aucun sur les structures blindées. 6346 modèles seront construits en tout.
Les TD M10 sont essentiellement regroupés dans des Bataillons antichars (Heavy Tank Destroyer Bton) qui opèrent en soutien des unités blindées et d'infanterie. Chaque Bton est équipé de 36 TD M10 à raison de 3 Cie à 3 Pelotons comprenant 12 TD M10 chacun. Ces unités sont très mobiles et régulièrement déplacées d'un secteur à un autre.
Le TD M10 est toutefois à manoeuvrer avec prudence, car si son canon est capable de percer la plupart des blindages des Panzer, son blindage est particulièrement léger, avec seulement 57 mm sur le masque de son canon, le Destroyer doit frapper juste et en premier et profiter de sa mobilité pour dégager rapidement. Le 75,2 embarque 54 coups, il est manoeuvré manuellement par roues crantées (vis sans fin) en site et en azimut, il peut tirer aussi bien en tir direct qu'indirect grâce à un indicateur et un niveau à graduation. La motorisation est quand à elle bien rodée et fiable.
Ce char sera fournit aux Britanniques, Français, Polonais en quantité. Les britanniques l'adapteront à leurs manière (sera traité plus tard), globalement le TD M10 restera un bon chasseur de char durant la majeure partie du conflit, il s'ouvrira toutefois de défauts importants : le peu de place dans le compartiment de combat, ce même compartiment étant à ciel ouvert le TD M10 est particulièrement vulnérable lors des combats de rues (tout le monde connaît les photos des TD M10 Français équipés de plaques d'acier sur le dessus du compartiment) et enfin son faible blindage lui interdisant tout duel avec les Panzer....
Pour finir, certains modèles de TD M10 A1 seront détourellés et serviront de tracteur aux pièces lourdes d'artillerie (203 et 240 mm), ils seront renommés M 35 (tracteur d'artillerie lourd). Les 300 derniers M10 seront réarmés par las uite d'un canon de 90 mm, ils deviendront alors les modèles M 36.
Il y a eu cinquante deux Btons US existants à l'Ouest :
T (canon antichar) - M10 (TD M10) - M18 (Hellcat) - M36 (M 36) - M3 (Halftrack avec canon de 75 mm)
Le 601° (M36, a servi en Tunisie, Sicile et Italie avec des M3 et M10), 602° (M18), 603° (M18), 607° (M36), 609° (M18), 610° (M36), 612° (M18), 614° (T), 628° (M36), 629° (M10), 630° (M36), 631° (M10), 634° (M10), 635° (M10), 636° (M10, sert en Tunisie et Italie), 638° (M18), 643° (M18), 644° (M10), 645° (M36, sert en Italie avec des M10), 654° (M36), 691° (M36), 692° (T), 701° (M10), 702° (M36), 703° (M36), 704° (M18), 705° (M18), 771° (M36), 772° (T), 773° (M36), 774°(M36), 776° (M36, sert en Tunisie et Italie avec des M10), 801° (T), 802° (T), 803° (M36), 807° (T), 808° (M36), 809° (M36), 811° (M18), 813° (M36, sert en Tunisie et Sicile avec des M3, 825° (T), 827° (M18), 893° (M10) et 899° (M36, sert en Tunisie avec des M10).
Juste avant la fin de la guerre en Europe, huit bataillons sont convertis en unités antichars : 692° (M10), 801° (M18), 802° (M10), 817° (M18), 820° (M18), 822° (M18), 824° (M18), 825° (M10).
Quatre étaient en partance pour l'Europe : le 605° (T, converti en mars 45 sur M10), 648° (T), 656° (M36) et 661° (M18).
Les Bton de TD dans les divisions blindées Françaises :
7°, 8°, 9° et 11° RCA (Rgt des chasseurs d'Afrique), 2° Dragon, le RBFM (2° DB) (Rgt Blindé des Fusilliers Marins)
VOICI LA REPRISE INTEGRALE (article sur le TD M10) DU MANUEL DESTINE AUX OFFICIERS FRANCAIS DU CORPS EXPEDITIONNAIRE AU MAROC.
CARACTERISTIQUES
Le tableau de la page 81 (NDL : voir en haut) indique les caractéristiques du Tank destroyer M10. Retenir notamment les points suivants :
a) Grande mobilité en tout terrain :
b) Faible blindage
c) Tourelle à ciel ouvert, ce qui facilite l'observation et par conséquent la recherche des objectifs, mais ce qui en revanche rend l'équipage vulnérable aux coups de l'Artillerie, de l'Aviation, des mortiers de l'infanterie et des grenades du "grenadier tankiste".
d) Canon aux brillantes qualités balistiques
- grande puissance de perforation à partir de 3.000 mètres (1)
- trajectoire très tendue et grande précision de tir, ce qui lui permet de réussir des coups d'embrasure
- grande portée.
CONCLUSION
1° Le Tank destroyer n'est pas un char
- il lui est supérieur comme mobilité, comme puissance de feu et comme faculté de vision
- il lui est inférieur comme blindage, ce qui le rend inapte au combat rapproché contre les chars
- enfin sa tourelle à ciel ouvert le rend très vulnérable aux armes de l'Infanterie (mortiers, armes automatiques; grenades).
2° Le Tank destroyer est, comme son nom l'indique, un "chasseur de chars", qualificatif que lui confèrent sa vitesse, sa mobilité, la puissance et la précision de son canon.
Sa mission normale est donc d'attaquer les blindés ennemis.
Mais quand il n'est pas engagé dans une lutte contre les blindés, il met à profit ses remarquables qualités de précision pour attaquer deux autres ennemis des chars : l'antichars fixe et le canon d'artillerie tirant à vue directe.
EMPLOI DU TANK DESTROYER
Le groupe de 2 destroyers est l'unité de tir.
Le peloton est l'unité de commandement; il s'articule en 2 groupes de T.D. et possède les éléments nécessaires à sa propre protection terrestre et aérienne; (Mitrailleuse terrestre et de D.C.A.).
L'escadron est l'unité de combat.
a) Dans la marche d'approche
Le peloton progresse en ligne de groupes de T.D., couvert par le groupe de protection. Les intervalles et les distances entre les tanks destroyers sont de 100 mètres;
- l'escadron progresse dans la formation en triangle, la pointe en avant, ce qui lui permet d'être constamment en garde pour faire face à une attaque de blindés ennemis.
b) Au combat, l'escadron procède par bonds de position de tir en position de tir, les déplacements s'effectuant en 2 échelons, l'un d'eux formant soutien. Le peloton ne se dissocie pas.
L'intervalle entre 2 tanks destroyers sur la position de tir est d'au moins 100 mètres, ce qui donne un front de l'ordre de 300 mètres pour un peloton.
c) Dans la lutte chars contre chars, les Tanks destroyers constituent le front antichars sur lequel sont attirés les chars ennemis tandis que ceux-ci sont attaqués à distance de perforation par les chars amis.
1 - Le canon du Tank destroyer M10 perfore le char allemand "Le Tigre" à partir de 1.000 à 1.200 mètres (de flanc à cette distance).