Dans la carrière de cette Capricieuse, qui s'étend jusqu'en 1964, on peut distinguer trois grandes phases :
• la guerre 39/45
• la guerre d'Indochine
• la campagne dans le Pacifique Sud,
Ces deux dernières étant séparées par une affectation de quelques mois en Afrique du Nord et un séjour inactif d'un peu plus de trois ans à Dakar.
Au début donc, cet aviso après avoir assuré, à partir du 10 janvier 1940, diverses missions d’escorte entre Brest et l'Afrique du Nord, entre au bassin à Porthmouth le 23 mai suivant pour pose d'un Asdic : il ne sortira du bassin que le 30 juin.
Envahi le 3 juillet 1940 par les Britanniques, il sera alors armé par la Royal Navy et cela pendant près de cinq ans.
La Capricieuse, à cette époque, effectue surtout des patrouilles et escortes en mer d'Irlande, mais est arrêtée fin 1943 pour un arbre d'hélice faussé.
Le 8 juin 1945, le White Ensign est remplacé par le pavillon tricolore. La Capricieuse réintègre la Marine nationale et le 1er juillet quitte Greenock pour arriver à Toulon le 7 de ce même mois.
Elle y entre en grand carénage avant d'entamer la deuxième phase de sa carrière qui va durer près de dix ans.
Partie de Toulon le 25 janvier 1946 vers Saigon où elle arrivera le 23 mars, c'est en effet le 18 septembre 1955 qu'elle appareillera pour la dernière fois de Saigon cap vers Toulon où elle arrivera le 23 octobre.
Sa campagne sera coupée par trois grands carénages :
• Le premier chez Delmas et Vieljeux à La Pallice : début du carénage 27 mai 1947, retour à Saigon le 15 mai 1948, après être passé le 9 avril à Bizerte et convoyé les patrouilleurs Lotits et Tiare (destinés à Nouméa et Tahiti) de Djibouti à Colombo;
• Le deuxième à Sidi-Abdallah (arsenal de Bizerte) du 3 février au 17 août 1950 ;
• Le troisième, à Uraga, au Japon, du 3 janvier au 28 juin 1954. Son retour vers l'Indochine est marqué par la rencontre du typhon KIT dans le détroit de Formose.
En Indochine, elle fait de la surveillance maritime (SURMAR) dans le golfe du Siam et le golf du Tonkin (où elle coule 66 jonques en avril 1951), devant les côtes de Cochinchine et du Sud-Annam, sur le Bassac.
Elle participe à l'occupation de l'ile de Phu Quoc le 16 avril 1946, et le 5 octobre 1949, avec le Duguay Trouin, six autres bâtiments (dont 2 LCT), deux commandos « Marine » et 800 hommes de l'armée de Terre, à la destruction des salines de Phu-Nghe, du stock de sel et des 230 jonques qui s'y trouvaient.
Entre le 20 mars et le 20 avril 1954, pendant que se noue le sort de Dien Bien Phu, elle opère en appui de l'opération « Atlante » à Qhi-Nhon, où elle se retrouvera le 23 août.
Elle passe les mois de septembre et octobre entre Nha-Thang et Tourane, mais le 2 novembre, elle rallie Haïphong pour recueillir au large du Delta les Vietnamiens fuyant la domination communiste, au total 4586 personnes.
De février à la mi-mai 1955, La Capricieuse patrouillera encore devant les côtes du Nord-Annam et du Tonkin avant d'aller passer huit jours (du 10 au 18 juillet) à Hong-Kong. Comme on l'a vu plus haut, elle quitte définitivement Saigon le 18 septembre pour arriver à Toulon le 23 octobre 1955.
Du 7 décembre de cette année jusqu'au 10 juin 1956, La Capricieuse va aller assurer six mois de "Surmar" le long des côtes de l'est algérien, au sein de la 5ème division d'avisos (Cdt Amyot d'Inville, Cdt de Pimodan, La Boudeuse, L'Élan, et elle-mème), basée sur Oran/Mers el-Kébir.
Après un rapide passage à Toulon, le 12 juin, elle fait route sur Dakar où elle arrive le 16 juillet 1956. Commence alors le 2 août un carénage qui, après essais, sera suivi, le 20 avril 1957, d'une mise en réserve dans ce port.
Elle réarme à partir du 1er décembre 1958 et le 25 septembre 1959 quitte Dakar pour la dernière phase de sa vie : sa campagne dans le Pacifique Sud.
La Capricieuse arrive à Papeete le 14 novembre 1959, sa traversée ayant été coupée d'escales à Cayenne, Fort-de-France, Balboa, aux Galapagos et à Nuku-Hiva (aux Marquises).
Pendant un peu plus de quatre ans, elle va alors occuper son temps entre le Pacifique Sud-Est, basée sur Papeete et le Pacifique Sud-Ouest, basée à Nouméa.
Comme il n'y a pas encore à Papeete de moyens de carénage pour un bateau de cette taille, elle va caréner à Sydney en juin 1960, mai 1961, avril 1962 et mars 1963.
Ses transits l'avaient, pendant cette période, fait passer par Wallis et Futuna.
Elle sera allée en Tasmanie en mars 1961.
Elle aura visité les Nouvelles-Hébrides, les Marquises (1962), les Australes (1961), les Tuamotu (en 1961 et 1962), les Gambier (séjour à Mangareva du 13 au 15 octobre 1962) et bien sùr, Raïatea dans les îles de la Société (îles-sous-le-Vent).
Finalement La Capricieuse sera condamnée le 15 septembre 1964 et vendue le 12 avril suivant pour 60 000 francs.
Les commandants de l'aviso-dragueur La Capricieuse
CC EYNAUD (J.A.M.) 8 juin 1945
CC CHAZEREAU (L.P.L.) 31 juillet 1946
CC TREMENBERT (E.L.M.) 20 novembre 1947
CC DELAPLACE (R.G.) 14 avril 1949
CC RITTI (P.A.G.) 7 septembre 1950
CC FLICHY (G.R.M.) 31 octobre 1951
CC JANNOT (M.E.R.) 11 novembre 1952
CC DELAHOUSSE (P.O.L.) 16 décembre 1953
CC DEVIE (P.F.M.) 9 décembre 1954
CC CARRON (P.J.) 18 mai 1955
CC MOREAU (J.M.L.J.) 9 septembre 1956
CC DEVIENNE (J.R.) 29 décembre 1958
CC GITTON (J.S.J.) 1er juin 1960
CC BLANC (H.J.) 17 janvier 1962
CC BOILLOT (J.P.) 27 juin 1963
Citations
Le contre amiral Rebuffel, Commandant la Division Naval d'Extrême Orient, cite :
• A l'ordre de la division :
Le capitaine de corvette Ritti (P.A.G.) de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
"Le capitaine de corvette Ritti (P.A.G.) Commandant La Capricieuse du 7 septembre 1950 au 31 octobre 1951. Au cours de nombreuses patrouilles dans les secteurs Tonkin et Annam, s'est dépensé sans compter pour obtenir de son bâtiment par tous les temps et dans des conditions matérielles le plus souvent pénibles le maximum d'efficacité.
Participant largement aux succès de la Surveillance Maritime (SURMAR) dans la répression du trafic rebelle se distingue lors du bombardement de Ron le 14 décembre 1950 et lors de l'opération de Oa Luat Nam (Annam) le 17 décembre 1950.
l'Ingénieur mécanicien de 2ème classe Pauron (Y.G.D.) de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Officier d'élite, chargé depuis dix huit mois des services "Machines et Sécurité" de La Capricieuse. Grâce à sa compétence et à son allant a réussi à maintenir continuellement en état de marche son bâtiment malgré la vétusté de son matériel et des circonstances de navigation très difficiles. Faisant preuve de belles qualités d'entraîneur d'hommes a contribué très largement au succès des missions de guerre confiées à son bâtiment.
Le premier maître mécanicien Bourgain, Pierre, matricule 4048-C-29 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Premier maître mécanicien de La Capricieuse, a fit constamment preuve de remarquables qualités professionnelles pour maintenir en état de marche son bâtiment dans des conditions rendues très difficiles par la vétusté du matériel et les servitudes des patrouilles en mer. Comme chef de l'équipe sécurité a participé à de nombreux arraisonnements s'assurant ainsi une large part du succès des missions de guerre de son bâtiment.
Le maître-mécanicien Le Runigo, Jean, matricule 175-L-31 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Gradé compétent et courageux, au cours d'un an de patrouilles sur les côtes d'Annam et du Tonkin s'est dépensé sans compter pour obtenir de son matériel le meilleur rendement possible malgré des conditions de travail très difficiles, participant ainsi largement au succès des missions de guerre de son bâtiment.
Le quartier-maître canonnier Thomas, Hector, matricule 105-L-37 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Excellent quartier-maître canonnier. Au cours de nombreux arraisonnements de jonques rebelles dans des conditions souvent difficiles et dangeureuses a fait preuve de belles qualités de courage et de sang froid.
Ces citations comportent l'attribution de la Croix de Guerre T.O.E. avec Etoile d'Argent.
• A l'ordre de la brigade Le maître électricien Roignant, Joseph, matricule 2595-B-34 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Gradé compétent et courageux, au cours d'un an de patrouilles sur les côtes d'Annam et du Tonkin s'est dépensé sans compter pour obtenir de son matériel le meilleur rendement possible malgré des conditions de travail très difficiles, participant ainsi largement au succès des missions de guerre de son bâtiment.
Le maître Détecteur Cousin, Maurice, matricule 22.532-T-42 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Gradé compétent et courageux, au cours d'un an de patrouilles sur les côtes d'Annam et du Tonkin s'est dépensé sans compter pour obtenir de son matériel le meilleur rendement possible malgré des conditions de travail très difficiles, participant ainsi largement au succès des missions de guerre de son bâtiment.
le second-maître canonnier Le Jort, Louis, matricule 1744-B-32 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Excellent gradé canonnier, dévoué et courageux, a contribué au succès des diverses missions de guerre effectuées par son bâtiment depuis plus d'un an.
• A l'ordre du régiment
Le quartier maître de manœuvre Adam, Jean, matricule 5010-B-46 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Excellent quartier-maître de manoeuvre. Au cours de nombreux arraisonnements de jonques rebelles dans des conditions souvent difficiles et dangeureuses a fait preuve de belles qualités de courage et de sang froid.
le quartier-maître d'équipage Laborde, Marcel, matricule 524-R-46 de l'escorteur de 2ème classe La Capricieuse.
Excellent quartier-maître d'équipage. Au cours de nombreux arraisonnements de jonques rebelles dans des conditions souvent difficiles et dangeureuses a fait preuve de belles qualités de courage et de sang froid.
Ces citations comportent l'attribution de la Croix de Guerre T.O.E. avec Etoile de Bronze