En ce temps là, le Champenois naviguait entre Gibraltar et Brest. Incorporé dans un groupe de l'OTAN.
Nous faisions entre-autre, la chasse aux sous-marins, pour lequel le Champenois était armé.
Après une quinzaine de jours, sur le retour à Brest, une inspection de l'Amirauté nous attendait.
La plus part d'entre nous pouvaient ensuite partir en permission.
Mon poste de nettoyage était la cabine du Capitaine d'Armes que celui-ci partageait avec le Premier Maître Mécanicien (le Pim).
Le Capitaine d'Armes, (dont je tairerais le nom ) était assis à son bureau et signait les permissions des marins qui étaient à attendre leur tour, en file indienne dans la coursive.
La porte de la chambre/bureau était ouverte et tous ceux attendant voyaient la scène.
Moi je passais le balais. A un moment, le Capitaine d'armes s'est redressé pour prendre quelque chose devant lui qu'il ne pouvait atteindre assis.
C'est à ce moment là que je lui dit " attention Capitaine, je passe le balais sous votre siège" et retira celle-ci pour balayer cet espace.
Malheureusement; il n'a pas entendu ce que je lui disais, concentré sur son travail.
Il s'est ré-assis!!!
Comme la chaise n'était plus là, il s'est étalé sur les fesses et le dos, les bras en croix !
Tous les gars de la coursive qui avaient suivi la scène étaient hilares et morts de rire !!!!
Le Capitaine s'est relevé, plus mortifié par le ridicule que par le choc physique ( c'était un beau sportif )
Devant moi bredouillant l'explication de ce qui venait de se passer,
il me dit en pointant son index rageur : "Technik" je vous aurais !
Il avait déjà signé ma permission.
Habitant à 900 km de Brest, il ma fallait 30 heures de route aller et retour pour faire le voyage.
Je ne partais jamais pour de petites absences et là, je prenais uns semaine.
Quatre jours avant d'arriver à Brest et de passer en inspection, tout l'équipage passait sa tête sous les ciseaux du coiffeur.
Celui-ci œuvrait dans les sanitaires, devant les lavabos. Nous étions environs 150 à y passer.
Le coiffeur qui ne l'était probablement pas dans le civil, faisait ce qu'il pouvait. J'ai été appelé assez rapidement pour la coupe. J'avais, dans le civil, l'habitude d'une belle coupe au rasoir.
Un fois assis, j' entendit une voie derrière moi " laisse le moi celui-là !
C'était le Capitaine d'Armes qui venait assouvir sa vengeance !
Fait comme un rat, j'étais coincé et subit la boule à Zéro.
Tu sais que tu es beau comme ça, me chuchotait-il entre les dents.
Il faut dire qu'aujourd'hui, c'est la mode.
En ce temps là, c'était la coupe des mauvais garçons et des Skinheads.
Pas question de partir en perm comme cela.
Je rageais.
Pendant la nuit, une petite envie de pipi et je part aux sanitaires.
Banzaï, tous les outils du coiffeurs étaient là, bien rangés.
Mon sang n'a fait qu'un tour et tout ce beau matériel ( qui appartenait à l'état, et l'état, c'est nous )
s'est retouvé au fond, glou glou glou.
Je suis parti reprendre ma nuit, le cœur en joie. ( il y a prescription Capitaine )
Il restait encore surement plus d'une centaine de "coupe" à faire.
Vers 10h, la sono indiquait que " le merlan " nom donné au coiffeur, recherchait ses instruments. Quiconque les avait vu devait prévenir rapidement.
Je te passe le nombre d'appel sur le sujet, ceux-ci devenant de plus en plus menaçants.
Pour finir, vers 14H, tout le monde sur le pont.
Les plus courtes sont les meilleurs, hurlait le Capitaine d'Armes. Que celui qui les a barboté sorte du rang.
Personne ne bougeat bien sur : Bon, si c'est comme ça, toutes les perm sont suspendues!
J' attend dans mon bureau, celui qui a fait ça n'a pas de testicules et pénalise tout l'équipage!
Il fut décidé en haut-lieu ( du Champenois ) de faire appel à des coiffeurs à terre qu'ils se sont empressés d'aller chercher.
Deux coiffeurs civils se sont mis à l’œuvre, avec tout leurs savoir faire. Le Capitaine d'Armes sautait de rage : plus vite, plus vite, vous n'êtes pas dans votre salon, etc...
Finalement, tous furent coiffés, la plus-part avec des coupes courtes mais "Class"
L'inspection par l'Amirauté s'étant bien passée, on n'a plus jamais entendu parlé de punitions collectives
et tout mes camarades qui étaient permissionnaires sont partis heureux vers leurs destination.
Moi, je suis resté à Brest, racontant un bobard à mes parents pour justifier ma non venue.
Ils ont certainement pensés que j'avais rencontré une "petite".
Une seule personne, mon copain J-C Lahaie qui était nordiste et devait partir en perm était au courant de ce que j'avais fait.
Lorsque nous avions été convoqués sur le pont et que le Capitaine rageait et menaçait de supprimer le perms, Jean-Claude me disait : zut ma perm, désignes toi René, on va être tous dans la m...de !
Je lui chuchotait : pas possible, sinon ils vont avoir une mutinerie .........( Là, mon expérience des casernes de mon enfance me rendait fort )
Cher Capitaine d'Armes, si tu es encore en vie, le mystère de l'ombre s'est éclairci !!!
Sans rancune.
Si des personnes présentes lors des ces faits lisent mon histoires, qu'elles se manifestent, ce seait super de lire leur témoignage.
Voila mon cher Jauréguiberry, une tranche de vie à bord du Champenois, un navire Extra.
René " Technik"